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Condamnation de la France pour son application immédiate de la jurisprudence Czabaj

Condamnation de la France pour son application immédiate de la jurisprudence Czabaj

Dans son arrêt Czabaj (CE, 13 juillet 2016, Czabaj, n°387763), au nom de la sécurité juridique, le Conseil d’Etat a posé le principe selon lequel un requérant dispose d’un délai d’un an, « délai raisonnable », pour contester par la voie de l’excès de pouvoir une décision administration qui ne mentionnerait pas les voies et délais de recours. Une exception à ce principe, lorsque le requérant justifie de « circonstances particulières ».

Le principe dégagé a été d’application immédiate, fermant définitivement la porte des prétoires à un grand nombre de requérants.

Cette jurisprudence a, d’ailleurs, été étendue cet été au recours Tarn-et-Garonne (CE, 19 juillet 2023, Société Seateam Aviation, n°465308).

Néanmoins, dans un arrêt de chambre, rendu ce jour, la Cour Européenne des droits de l’homme, saisie de 18 recours, a, sans remettre en cause le principe dégagé par Czabaj, jugé, à l’unanimité, que son application immédiate aux instances en cours, qui était imparable, a restreint le droit d’accès à un tribunal à un point tel que l’essence même de ce droit s’en trouve altérée.

Dans ces conditions il y a eu violation de l’article 6§1 de la Convention et de l’article 1 du Protocole n°1.

La Cour condamne donc la France.

CEDH, 9 novembre 2023, Legros et autres, requête n°72173/17